« Désolé pour les pervers »
Billet
C’est ce que dit le candidat Eric Zemmour sur Twitter. Après la révélation dans Closer de la grossesse de sa plus proche conseillère Sarah Knafo, le candidat à l’élection présidentielle a porté plainte contre le magazine pour « atteinte à la vie privée ». Comment faire la différence entre vie privée et intérêt sociétal ? En quoi cette information bascule-t-elle d’un côté ou bien de l’autre ?
Publié le 26 novembre 2021, le fameux article affirme qu’ « Eric Zemmour va être papa en 2022 ». Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, que ce candidat à la course à l’Elysée porte plainte contre des médias pour atteinte à la vie privée.
En effet, seulement 2 mois auparavant, il attaquait en justice Paris Match après que le magazine ait choisi de mettre en Une le polémiste et sa conseillère Sarah Knafo, barbotant dans l’eau à La Seyne-sur-Mer dans le Var. L’annonce de cette grossesse permet de donner, encore une fois, de la matière à Eric Zemmour pour pouvoir dénigrer les médias, pourtant ancien éditorialiste.
Le code civil contre la déontologie journaliste ?
D’après l’article 9 du code civil, chacun a le droit au respect de sa vie privée. Cependant, une information peut facilement tomber dans l’intérêt général lorsque elle dispose d’un ou de plusieurs enjeux pour la vie en société. Cette révélation permet aux électeurs français de savoir la situation d’un des candidats sans toutefois chanceler dans la curiosité.
D’après l’article 25 du conseil de déontologie journalistique belge de 2014 « les journalistes respectent la vie privée des personnes et ne révèlent aucune donnée personnelle qui ne soit pas pertinente au regard de l’intérêt général ».
Cependant, pour le guide de déontologie de la fédération professionnelle des journalistes du Québec, le droit à la vie privée peut parfois entrer en conflit avec le droit à l’information. Alors, lorsque un intérêt public est en lien avec des faits privés, pour ce guide de déontologie, « les journalistes privilégieront le droit à l’information ». Cet élément fonctionne particulièrement « lorsqu’il s’agit d’une personnalité publique ou d’une personne ayant une charge publique, et que certains éléments de sa vie privée sont pertinents pour comprendre l’exercice de ses fonctions ou mettre en perspective sa vie publique et son comportement public ».
Ainsi, la vraie question dans cette affaire est : est-ce que cette information est pertinente ? Oui. En effet, grâce à celle-ci, chacun peut discuter de la situation familiale d’un candidat comme avec Emmanuel et Brigitte Macron lors de l’élection présidentielle de 2017.
La plainte jugée irrecevable
Néanmoins, cette grossesse permet à Eric Zemmour d’avoir une image différente, plus calme, celle d’un père, ce qui diffère de la représentation que l’on a de lui dans les médias. D’après le Point, le candidat et sa conseillère, trente-cinq ans de différence d’âge, ont assigné Closer en référé.
Leurs avocats ont plaidé l’interdiction de publication du magazine ou son retrait des kiosques. Jugée irrecevable, cette demande n’a pas abouti. Pour Eric Zemmour, l’affaire relèverait du voyeurisme comme il l’a affirmé dans un tweet : « La vie publique, oui. Le voyeurisme, non. »