Dispositif Angela : le nom de code contre l’insécurité à Bordeaux

Depuis juin 2021, Bordeaux a rejoint les villes ayant officiellement adopté l’initiative ”Où est Angela ?’’. Permettant aux personnes d’avertir le personnel d’un établissement de nuit, le signal d’alerte est utilisé par les victimes de harcèlement ou droguées à leur insu. 

En 2020, 8 jeunes femmes sur 10 ont peur de sortir seules le soir. © Ouest-France

Il y a ces types qui abordent, ceux qui insistent, et ceux qui vont trop loin. Souvent, il est difficile de sortir d’une situation de harcèlement. Depuis sa création en 2016 au Royaume-Uni, le  phénomène “Ask for Angela?”, permet de sortir de situation dangereuse. Il suffit de demander, au barman par exemple, s’il a des nouvelles d’Angela ou si elle est dans le coin. Ce nom de code devrait tout de suite être compris par le personnel, et intervenir pour aider la personne en difficulté. 

Le GHB, ou la drogue des violeurs

Les témoignages se multiplient. Sur la page Instagram de « Balance ton bar Bordeaux », plusieurs histoires de femmes s’entremêlent. Toutes ont un point commun : elles ont été droguées au GHB. Glissée discrètement dans un verre, la drogue incolore et imperceptible est devenue un véritable danger. Tous les témoignages racontent comment un sentiment brumeux est apparu d’un seul coup. Le GHB (Acide gamma-hydroxybutyrique), aussi appelé la drogue du violeur, gâche des soirées et devient le fléau des établissements de nuit et des victimes. Associations et bars se doivent alors de créer des dispositifs et des moyens pour combattre ces agressions devenues trop récurrentes dans la capitale girondine. 

Angela, l’appel au secours 

Lancée officiellement à Bordeaux en juin 2021, Angela s’était déjà immiscée dans le monde de la nuit bordelaise. 

Au Grizzly pub à la Victoire, le dispositif existe déjà depuis 4 ans. Le bar se dit “toujours impliqué autant pour l’écologie, la femme ou encore les queers”. C’est dans une logique de continuité que le dispositif est mis en place sans toutefois beaucoup d’utilisation. Il n’a été recouru qu’une seule fois, il y a plus de 2 ans par une femme qui, après avoir été suivie dans la rue, s’est refugié dans un bar. 

Difficile à détecter, le GHB ne reste dans l’organisme que 12 heures après avoir été absorbé. © Illustration/Adobe Stock

Dans plusieurs bars de la capitale girondine, le personnel essaye d’anticiper ces futurs problèmes. Faire attention à leurs clients et interpeller au préalable des personnes ayant des comportements déviants ou inadaptés est leur priorité.   

Au Grizzly pub, la mise en place de “Où est Angela ?” semble nécessaire aux employés. “C’est un acte citoyen de protection nécessaire puisqu’on sait que nous avons des cas, même autour de nous.” 

« C’est sûr que s’il ne se passe rien, rien n’évoluera »,

pour Alexis, barman au The Grizzly pub.

Les équipes des établissements de débit de boisson proposant le dispositif Angela, doivent réaliser une formation de deux heures. Elle consiste à définir les différentes formes de violences sexuelles et à discuter autour de leur réaction si la situation venait à se présenter. 

Une mise en place progressive

Vendredi prochain, la brasserie du quartier de la Grosse Cloche, Au Nouveau Monde, proposera officiellement cette opération. Une certification qui ne change pas grand-chose pour le bar. L’établissement se considère déjà comme un lieu bienveillant où les barmans interpellent les clients quand des situations “un peu difficiles” se présentent. D’après George, “cela correspond à nos valeurs, il faut que tout le monde se sente à l’abri, écouté et en sécurité”. 

Au cours de sa première semaine d’application, chaque personne du “staff” saura comment réagir si un sentiment d’insécurité touche quiconque dans l’établissement.

Une solution parmi d’autres 

Capuchons de verre, comptes sur les réseaux sociaux et associations se mobilisent également pour ce combat. C’est le cas de Drink Watch, entreprise lilloise, qui propose des protections pour verre anti-drogue, anti-intrusion afin de prévenir les éventuelles agressions. 

D’autres initiatives encore à l’état de projet pourraient voir le jour. Un vernis à ongles anti-GHB, capable de détecter la présence de drogues dans un liquide grâce à ses variations de couleurs est envisagé .  

Article écrit par Manon Blondel, Antonin Besnard, Anouck Compain et Emma Grandjean.

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