Maltraitance en maisons de retraite: les EHPAD privés demandent plus de contrôles
Après la sortie du livre “Les Fossoyeurs” du journaliste Victor Castenet, plusieurs établissements du groupe Orpea sont mis en cause pour maltraitance de personnes âgées. Les dirigeants de plus de 2 000 maisons de retraite privées demandent une intensification des contrôles administratifs et une nouvelle procédure de certification qualité.
« Evidemment nous comprenons l’émotion des Français. » Face aux révélations du livre sur les Ehpad d’Orpea,”nous sommes conscients que nous devons restaurer la confiance par la transparence et l’éthique”, a souligné lors d’un point presse Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, syndicat des Ehpad privés.
“Cette crise met en avant la nécessité de revoir urgemment les systèmes de contrôle et d’évaluation de la qualité en Ehpad”, a ajouté cette responsable, pour qui les dysfonctionnements évoqués dans le livre, “s’ils sont avérés, sont condamnables ».
Trop peu de contrôle surprise
Les maisons de retraite peuvent actuellement être contrôlées par de multiples intervenants – conseils départementaux, agences régionales de santé, services vétérinaires (pour l’hygiène en cuisine), commissions de sécurité incendie, inspection du travail, chambres régionales des comptes, etc., a-t-elle énuméré.
Pourtant, “il y a encore trop peu de contrôles inopinés, il faut les renforcer, et surtout il faut que les résultats de tous ces contrôles soient mutualisés dans une base de données unique, gérée par un acteur unique”, a proposé Mme Arnaiz-Maumé.
Un système d’évaluation des Ehpad dépassé
Les processus d’évaluation qualité des Ehpad doivent également être revus, selon elle. Actuellement “ce sont les établissements eux-mêmes qui rémunèrent un cabinet d’audit pour les évaluer, et les résultats sont transmis à l’agence régionale de santé et aux départements”, a-t-elle expliqué. “Il faudrait plutôt une vraie procédure de certification, menée directement par la Haute autorité de santé, comme elle le fait pour les cliniques”, a-t-elle ajouté.
Le Synerpa est également ouvert à une refonte des conseils de vie sociale, ces instances consultatives qui, au sein de chaque établissement, associent représentants des résidents, des familles et du personnel. Ces conseils pourraient s’ouvrir aux représentants des pouvoirs publics et aux élus, a-t-elle fait valoir.
Le groupe va se doter dans les prochaines semaines d’une commission d’élaboration d’une “charte éthique”, qui associera des intervenants extérieurs, a encore expliqué la déléguée générale du syndicat professionnel.
Dans le secteur de l’accompagnement des personnes âgées, qualité et rentabilité ne sont pas incompatibles, a-t-elle fait valoir. Pour restaurer la confiance, le secteur est d’ailleurs prêt à réfléchir à l’adoption d’un statut d'”entreprises à mission”.