La sécurité, un enjeu de campagne pour les jeunes ?
Sujet de campagne abordé par la plupart des candidats à la Présidentielle, la sécurité est de nouveau sur le devant de la scène médiatique. D’après une étude Ipsos, 64% des jeunes trouvent cette campagne inintéressante. Pour cette tranche d’âge, ce sujet est-il vraiment primordial ?
Meilleure audience en interactions sur les réseaux sociaux. Début février 2022, c’est le thème de la sécurité qui a réalisé cette performance, selon le sondage de Visibrain pour LCI. Sujet phare des programmes en prenant une grande place chez les candidats de droite, la sécurité est devenue un thème récurrent dans la campagne et dans les débats politiques.
93 % des français se disent préoccupés par l’enjeu de la sécurité (sondage CSA pour CNEWS réalisé en novembre dernier). Pour Henry, bordelais de 18 ans, ce nombre est « normal et je m’inclue dans ces 93%, ça m’étonne que ça soit pas un peu plus, ça intéresse tous les Français ».
“Les gens ne sont pas prêt à changer”
Pourtant pour d’autres jeunes interrogés, ce n’est pas réellement le sujet qui les intéresse le plus et plusieurs regrettent que « l’écologie, le bien-être animal, tout ces trucs-là, à part les Verts (ndlr : le parti politique Europe Ecologie Les Verts) on n’en parle pas trop, beaucoup annoncent un problème écologique mais peu de décisions importantes sont prises, j’ai l’impression que les gens ne sont pas prêt à changer » rapporte Valentine, 18 ans.
Matteo Crance, étudiant en Master 2 à Sciences Po Bordeaux revient sur la nécessité de l’enjeu de la sécurité dans cette campagne et cherche à l’expliquer : «Elle est au coeur de la campagne parce qu’elle est au coeur de la cité, de la paix publique, essentielle pour garantir l’exercice des libertés individuelles.
Aussi la question sécuritaire s’est successivement renforcée depuis 2015, les attentats terroristes, et les dispositions constitutives des états d’urgence successifs (ayant conduit à une réduction substantielle des libertés au profit de la sécurité), l’ont permis. »
Il conclut : « L’enjeu de la sécurité, historiquement accaparé par les tendances de droite, devient donc un enjeu commun, mais reste polarisé par chaque mouvement politique selon ses sensibilités au coeur de cette campagne. »
Un public exposé aux stratégies des partis politiques
Impliqué au sujet des questions sécuritaires en ayant fondé l’Association de Défense et Sécurité de Sciences Po Bordeaux, Matteo raconte l’intérêt de ce thème chez les jeunes, les primo-votants : « La sécurité est un terme très clivant chez les jeunes, qui échangent énormément sur les réseaux sociaux. Ces publics sont donc exposés aux stratégies partisanes des partis politiques pro ou anti sécuritaires. Il est difficile de requérir d’un jeune public une capacité de recul et de discernement quant à des faits parfois violents, ou même choquants. Les enjeux sécuritaires auprès du jeune public sont pourtant nécessaires.
In fine, la préoccupation sécuritaire des jeunes est propre à chaque sensibilité, avec toutefois une tendance majeure à l’ultra-connexion des jeunes, qui face à certains discours véhéments, peut parfois être déstabilisant pour de jeunes professionnels de la sécurité. »
Les forces de l’ordre, les violences faites aux femmes, la réponse pénale, les mineurs non-accompagnés, l’enjeu de la sécurité regroupe plusieurs aspects. Pour Pierre, 19 ans, étudiant en école de commerce à Bordeaux, c’est la sécurité internationale qui l’intéresse « parce que, pour moi (la sécurité intérieure) elle est bien assuré ». « Surtout avec le conflit qui vient de se commencer, (ndlr : la guerre en Ukraine) pour moi c’est la politique internationale qui va faire la différence dans cette campagne».